Ra'iatea et Taha'a sont encerclées par le même lagon et sont considérées comme les îles les moins touristiques parmis celles de la Société. Elles ne possèdent pratiquement aucune plage, ni de bon spot de snorkeling contrairement aux motus qui les entourent. En revanche, elles regorgent de charme et de beauté naturelle.
Nous avons commencé notre visite par Taha'a, surnommée l'île de la vanille en raison des 25 tonnes de production annuelle. Un trajet en ferry d'environ 45 minutes est nécessaire pour s'y rendre depuis Ra'iatea.
Nous avons logé à la "Perle de Taha'a" et avons eu la surprise d'être surclassés dans un magnifique bungalow! Les jardins et le petit bord de mer de la pension ont été aménagés avec énormément de goût par le patron des lieux, Roberto.
Lors de notre première journée, Roberto nous a fait découvrir l'île en commençant par la visite d'une ferme perlière où nous avons appris comment les perles sont produites. En résumé, un nucleus sphérique est inséré avec un petit bout de nacre à l'intérieur d'une huître perlière. Ce greffon va produire une couche de nacre tout autour du nucleus qui formera ainsi la perle. L'insertion du nucleus et du greffon de nacre doit se faire avec minutie dans une huître à peine entrouverte et il est important qu'elle soit replongée dans l'eau en moins d'une heure trente. Une même huître peut recevoir au cours de sa vie jusqu'à trois ou quatre nuclei de plus en plus gros. La forme, l'éclat et la teinte de la perle lui confèrent sa valeur. Comme nous avions entrepris cette excursion durant la journée de la femme, j'en ai profité pour offrir une belle paire de boucles d'oreilles de catégorie A à mon épouse adorée!
Ensuite, nous avons emprunté une petite route dans les terres et avons découvert toutes les richesses qu'il est possible de cultiver sur l'île: mangues, papayes, pamplemousses, fruits de la passion, bananes de différentes sortes, cocos, limes, ananas, vanille,… Ils ont même une version polynésienne de la châtaigne qu'ils mangent cuite à l'eau.
Un peu partout au bord des routes se trouvent des petites cahutes au toit coulissant. Cela sert en fait d'emplacement pour faire sécher au soleil la noix de coco pelée une fois très mûre (appelée coprah) pour la transformer ensuite en huile. La macération des fleurs de Tiaré dans cette huile donne le fameux monoï. Le toit sert juste à protéger les morceaux de noix de coco en cas de pluie.
Nous nous sommes ensuite arrêtés dans une vanilleraie afin que Gustave nous explique les très nombreuses étapes pour passer de l'orchidée sauvage à la délicieuse gousse de vanille. Ici, la culture se fait de manière traditionnelle. La vanille polynésienne est une liane grimpante et sauvage qui pousse sans aucun traitement autour d'un tuteur (un arbuste dans ce cas). Cependant, comme les abeilles sont incapables de polliniser ces fleurs, la fécondation doit être faite à la main. Durant ce processus ou "mariage" de la vanille, il s'agit littéralement de déplacer le pollen d'un millimètre pour aller de l'organe mâle à l'organe femelle de la fleur. Malheureusement, le mariage d'une fleur ne donne qu'une gousse (donc une unique tige) et elles mettent neuf mois à pousser avant de pouvoir être récoltées puis séchées et massées au cours de plusieurs cycles avant d'obtenir les gousses de vanille renommées dans le monde entier. À la différence des vanilles Bourbon ou de Madagascar, la vanille de Polynésie n'est ni ébouillantée, ni séchée au four après récolte, ce qui serait à l'origine de son arôme particulièrement développé. Ce processus long et compliqué explique le prix élevé de la vanille.
Nous avons ensuite fait un arrêt chez Philo pour manger une délicieuse crêpe complète en écoutant le récit passionnant de sa vie. Cette petite boule d'énergie a voyagé un peu partout dans le monde avant de poser sa valise en Polynésie il y a plus de trente ans.
Durant cette journée nous sommes passés successivement au travers des huit petits villages de l'île toujours très fleuris et bien entretenus. Les églises ont beaucoup de caractère et sont extrêmement fréquentées le dimanche. Taha'a vue du ciel a la forme d'un hibiscus avec de jolies baies rentrant dans les terres qui offrent de très beaux paysages.
Le soir nous avons eu droit à un splendide coucher de soleil avec Bora Bora qui se découpait dans le lointain.
Le lendemain nous nous sommes rendus sur le paradisiaque motu Tau Tau, situé dans le lagon juste en face de notre hôtel. Cet endroit n'a rien à envier à Bora Bora et abrite d'ailleurs le seul Relais-Château de toute la Polynésie. Il possède même son propre héliport. Un vrai décor de carte postale!
Ce qui nous amenait sur ce motu était le sensationnel Jardin de Corail réputé comme étant le meilleur spot de snorkeling de toute la Polynésie. Nous n'avons pas été sur toutes les îles des cinq archipels pour comparer, mais c'était sans conteste l'une de nos plus belles virées sous-marines. Pour profiter au mieux de l'expérience, il suffit de marcher jusqu'à l'extrémité du lagon, de se mettre à l'eau et de se laisser entraîner par le courant. Sans faire d'effort, nous avons tout de suite été entourés de dizaines de poissons exotiques et avons pu admirer de magnifiques coraux, bénitiers, anémones et autres merveilles. Un rêve! Il a fallu la marée basse pour nous faire sortir de l'eau…
Après un bon repas polynésien les pieds dans le sable, nous avons grimpé dans notre kayak pour une balade dans l'eau turquoise du lagon avec les motus d'un côté et Taha'a de l'autre.
Le lendemain, nous sommes retournés sur Ra'iatea qui est considérée par les anciens Polynésiens comme le berceau de leur civilisation millénaire. Nous avons du coup retrouvé la civilisation, car c'est en effet ici que se situe la deuxième plus grande ville de Polynésie avec 3'700 habitants (hem). Bien qu'Uturoa ne soit pas particulièrement charmante en dehors de son petit marché, nous avons apprécié de pouvoir faire nos achats dans un magasin où les étagères n'étaient pas à 90% vides parce que le ferry de ravitaillement n'était plus passé depuis un mois (c.f Maupiti)!
Tous les vendredis, le Hawaiki Nui Hotel organise un spectacle de danse traditionnelle avec la participation à tour de rôle des quatre écoles de l'île. Cela nous a permis de nous familiariser un peu avec le tamure, danse polynésienne en duo où l'homme bat des cuisses dans un mouvement de ciseaux et où la femme roule des hanches. Chaque mouvement des bras et des mains possède une signification symbolique qui accompagne un récit gestuel d'une légende.
Le lendemain matin, nous avons décidé d'entreprendre le tour de l'île dont la circonférence fait un peu moins de 100 km. Nous avons commencé par gravir le mont Tapioi depuis Uturoa. Ce qui devait être une sympathique balade matinale s'est rapidement transformé en une douloureuse ascension tant la chaleur était étouffante! Heureusement, 45 minutes de marche rapide ont suffit pour atteindre le sommet et une fois en-haut, nous ne regrettions plus du tout l'effort consenti. Les vues sur le lagon avec Taha'a en face et Bora Bora au loin étaient en effet splendides.
A 30 km au Sud d'Uturoa se trouve le célèbre Marae de Taputapuatea, berceau de la culture Maohi et lieu spirituel le plus important de Polynésie ayant servi aux activités sociales, religieuses et politiques. Le terme marae désigne un espace dégagé consacré aux réunions, à l'intronisation des chefs, aux repas cérémoniels et aux rituels religieux. Étalé sur trois hectares, ce site constitué de grandes surfaces rectangulaires pavées de corail et de pierres volcaniques est dédié à Oro, dieu de la guerre. Des pierres étaient prélevées ici pour être ensuite implantées dans tous les nouveaux marae à travers la Polynésie.
Au cours de notre tour de l'île, nous nous sommes arrêtés à de nombreuses reprises pour apprécier les belles vues sur le lagon ou sur les reliefs de l'île (dont le point culminant dépasse quand même les 1000 mètres d'altitude), les nombreuses baies aux eaux turquoises ou les jolis petits villages avec leurs charmantes églises.
Un autre vol éclair de quinze minutes devait ensuite nous mener sur l'île de Huahine, notre prochaine étape polynésienne.