A 2400 mètres d'altitude et dominée au loin par la silhouette de la montagne du Dragon de Jade aux sommets enneigés, Lijiang est sans doute la ville chinoise avec le plus de charme. Il s'agit de la capitale du pays naxi, une minorité ethnique très particulière aux traditions anciennes et matriarcales. Provenant des confins du Tibet, les Naxi se sont sédentarisés dans la région il y a plus de 1000 ans. Lijiang est séparée entre la nouvelle cité moderne présentant peu d'intérêt et la vieille ville pleine de charme inscrite au Patrimoine Mondiale de l'UNESCO en tant que "ville ancienne exceptionnelle sise dans un paysage spectaculaire". Nous approuvons.
Notre arrivée dans cette ville a été plutôt mouvementée! En effet, notre bus au départ de Dali a eu deux heures de retard, ce qui nous a fait arriver à la gare routière de Lijiang après le départ du dernier bus public. Et contrairement au reste de l'Asie où nous nous faisions accoster avant même d'avoir pu poser un pied hors du bus, en Chine c'est tout l'opposé! Les conducteurs de taxi ont peur des étrangers parce qu'ils n'arrivent pas à communiquer et de toute évidence, ils ne savent pas non plus lire une carte! Nous avons supplié des dizaines de taxis de bien vouloir nous prendre, mais en vain.
Comme nous bloquions la moitié de la circulation, la police a fini par intervenir, mais eux non plus ne parlent pas un mot en dehors du mandarin. Nous avons alors appelé notre auberge grâce à une carte SIM achetée le matin même pour leur expliquer la situation et qu'ils puissent nous servir d'interprètes (deuxième règle de survie en Chine: toujours s'assurer que le personnel de l'hôtel parle quelques mots d'anglais!)… Une fois que les policiers eurent compris notre problème, ils ont bien essayé de nous aider, mais les chinois étant têtus, ce ne sont pas les forces de l'ordre qui pourraient leur faire changer d'avis! Après plus d'une heure à essayer de convaincre tous les taxis de la ville, ils n'ont pas eu d'autre choix que de s'occuper personnellement de nous… Nous avons créé une petite sensation à l'auberge en débarquant à minuit d'une voiture de police, les gyrophares allumés! Notre séjour à Lijiang s'annonçait intéressant.
Après une bonne nuit de sommeil, nous sommes partis explorer la vieille ville dont les ruelles tortueuses bordées de jolies maisons basses forment un grand labyrinthe. Nous nous y sommes d'ailleurs perdus à plusieurs reprises, mais toujours avec le bonheur de découvrir un nouveau quartier pittoresque.
La ville est aussi agrémentée de nombreux petits canaux enjambés par de jolis ponts en pierre ou des passerelles en bois sculptées. Le système de canalisation est d'ailleurs aussi vieux qu'ingénieux et est toujours utilisé aujourd'hui. L'eau provenant de la montagne du Dragon de Jade semble suffisamment pure pour que les habitants n'hésitent pas à s'en servir pour laver leur linge.
Le rez-de-chaussée des maisons traditionnelles naxi est occupé par une échoppe parfois cachée derrière de grands volets en bois alors que les pièces d'habitation sont à l'étage. Les boutiques sont ouvertes dès les premières lueurs de l'aube jusque bien après la tombée de la nuit. Nous avons essayé les biscuits à la rose, une délicieuse spécialité locale! La seule chose à laquelle il a été plus difficile de s'accommoder est l'odeur très forte du yak qui cuit un peu partout dans les rues…
Le tremblement de terre qui a ravagé un tiers de la ville en février 1996 a heureusement laissé intacts la plupart des habitats traditionnels, en bois et pierre, plus résistants aux séismes que les bâtiments modernes construits sans précautions particulières.
La longue rue principale pavée et bordée de fleurs mène à la place centrale. C'est un vrai plaisir de la descendre en observant l'animation autour de nous.
La place centrale est toujours extrêmement animée et le soir à la nuit tombée elle est réquisitionnée pour les traditionnelles danses populaires. Un vrai poème!
Au sud-est de la vieille ville se tient tous les jours un grand marché plutôt destiné aux locaux; le reste de la ville étant envahi de touristes chinois. Lijiang attire principalement les gens de classes aisées souhaitant fuir le bruit, la pollution, le stress et le modernisme des grandes villes. Les autres n'ont tout simplement pas les moyens de voyager.
Mais le véritable joyau de la ville est le sublime panorama sur les toits en tuiles depuis les hauteurs de la colline du Lion. Le spectacle se laisse encore plus apprécier avec une bonne bière locale bien fraîche.
Au nord du centre historique se trouve le parc de l'Etang du Dragon Noir qui était l'une des images de la Chine qui nous avait fait rêver avant notre départ. Nous étions donc impatients de découvrir le Pavillon aux Cinq Phoenix surplombant un lac aux eaux claires avec les montagnes aux cimes enneigées dans le lointain. Malheureusement, une fois arrivés sur place, nous avons retrouvé un étang complètement vide à cause d'une période de trois mois de sécheresse! Quel choc! Le parc était très beau malgré tout, mais ce n'était pas exactement ce à quoi nous nous attendions…
Un peu en retrait du lac asséché, un très beau temple de style tibétain a réussi à atténuer un peu notre déception. Les joueurs de mah-jong ne semblaient de toute évidence pas aussi affectés que nous.
Notre dernière journée à Lijiang a malheureusement été gâchée par une violente intoxication alimentaire suite à l'ingestion d'une soupe aux nouilles avec de l'eau certainement mal bouillie. Je suis resté cloué au lit pendant 36 heures en ne réussissant à avaler qu'une banane et une petite barre de chocolat. L'odeur du yak cuisant dans de l'huile rance qui montait jusque dans la chambre a été une vraie torture! Une année après cet incident, je n'arrive toujours pas à manger n'importe quel plat où des nouilles se noient dans de l'eau…
Nous avions ensuite prévu d'effectuer la fameuse randonnée des Gorges du Saut du Tigre, qui s'annonçait éprouvante vu mon état…