Située sur les bords de l'Irrawady, Mandalay est la deuxième plus grande ville de la Birmanie, avec environ un million d'habitants. Elle fut sa dernière capitale royale, entre 1860 et 1885. On la surnommait alors la "cité des joyaux", pour son jade réputé.
Le trajet pour nous rendre à Mandalay a été le plus chaotique de toute l'Asie et s'est déroulé dans une épave qui pourrait facilement être exposée dans un musée chez nous! A chaque nid de poule (et ils sont nombreux!) notre siège décollait avant de s'écraser au sol en nous faisant tomber avec! Il a donc fallu se cramponner durant tout le trajet et lorsque nous sommes arrivés à Mandalay à 3 heures du matin (!), nous n'étions pas d'une excellente humeur… Cela s'est vite arrangé lorsque nous avons réalisé que nous n'aurions plus à faire de long trajet en bus avant longtemps! Cette heureuse pensée nous a donné envie d'exécuter un petit pas de danse sur les rues mal éclairées de la ville, nos gros sacs sur le dos. Les quelques birmans réveillés à cette heure là doivent encore se souvenir de nous…
Après quelques bonnes heures de sommeil, nous nous sommes lancés à la découverte de cette ancienne cité royale. Il faut dire que le centre-ville de Mandalay n'a vraiment rien de charmant avec des rues quadrillées bordées de tristes immeubles en béton, mais il suffit de s'éloigner un peu pour trouver des quartiers vivants, colorés et authentiques, comme nous en avions l'habitude au Myanmar.
Notre première halte s'est faite au quartier des fabricants de feuilles d'or. C'est ici que sont produites les fines feuilles d'or que les fidèles de tout le pays appliquent sur les effigies de Bouddha ou sur des monuments comme le Rocher d'or. Les ateliers sont ouverts gratuitement au public, alors nous en avons profité pour découvrir ce procédé de fabrication très intéressant! D'abord, des petites plaquettes d'or sont martelées à la main pendant des heures avant d'être découpées, empilées, rebattues pendant des heures et finalement empaquetées méticuleusement. La partie physique est effectuée par les hommes et les femmes se chargent du côté minutieux de l'affaire.
Nous avons ensuite emprunté des ruelles animées en croisant sur notre chemin des sculpteurs de marbre occupés à tailler des Bouddha de toutes tailles, des femmes en train de broder des toiles traditionnelles, des moines en pleine partie de football, des enfants qui sautillaient autour de nous en nous lançant des "HELLOOO!!!" joyeux ou encore des vendeurs qui poussaient leur roulotte en chantonnant. Comme d'habitude, tout se fait toujours avec le sourire au Myanmar!
Nous sommes arrivés juste avant le soleil couchant au superbe monastère en teck Kyaung Shwe In Bin. Nous ne l'aurions peut-être pas trouvé sans l'aide d'une brave dame qui a insisté pour nous y mener sur trois pâtés de maisons. Une fois sur place, comme nous étions les seuls visiteurs, un moine s'est proposé de nous donner un tour guidé improvisé sans pour autant parler un mot d'anglais. C'était un bonheur de visiter tranquillement cet impressionnant édifice bâti sur pilotis aux dernières lueurs du jour!
Le lendemain, nous avons entrepris de visiter tous les autres sites importants de la ville en commençant par l'ancien Palais Royal entouré de larges douves et de murs crénelés de 8 mètres de haut ponctués de tours de guet. Cette forteresse datant de 1857 forme un grand carré de 2.5 km de côté en plein centre de la ville.
Le Palais Royal à l'intérieur des murs fût entièrement détruit par l'occupation anglaise et les violents combats de la deuxième Guerre Mondiale pour être ensuite reconstruit comme à son état d'origine à la fin des années 1990. Aujourd'hui, l'armée occupe l'essentiel du site, mais il est possible de visiter la partie centrale constituée de plus de quarante bâtiments dont la salle du trône, les habitations du roi et la tour de guet sur laquelle il est autorisé de grimper pour avoir une vue d'ensemble.
Une fois sortis de cette forteresse au climat bizarre, nous sommes allés voir le monastère en teck Kyaung Shwendaw qui fut à l'origine la résidence du roi Mindon. Juste à côté se trouve le gigantesque temple Kyaungdawgyi Atumashi.
Légèrement au nord, la Paya Kuthodaw avec son stupa doré est l'édifice bouddhique le plus intéressant de la ville. Il est entouré de 729 stèles de marbre gravées représentant les 15 livres des textes fondateurs du courant theravada. Chaque stèle est installée dans un petit stupa individuel. En ajoutant à cela les 1774 stèles de la paya voisine, il est souvent dit que cet ensemble forme "le plus grand livre du monde".
Finalement, nous avons terminé notre journée avec la visite de la Paya Kyauktawgyi qui abrite un Bouddha de 900 tonnes et près de 8 mètres de haut sculpté dans un seul bloc de marbre. Il aurait nécessité la force de 10'000 hommes pendant treize jours pour l'amener jusque là.
Pour notre dernier jour en Birmanie, nous avons décidé de partir à la découverte des trois anciennes cités royales dans les environs de Mandalay en compagnie de Flavia, une zurichoise fort sympathique! Nous l'avions rencontrée dans un tuk tuk au lac Inle et avons planifié cette journée ensemble en quelques minutes avant de sauter dans notre bus. Quant le courant passe…
La meilleure solution pour explorer les anciennes cités royales est de faire appel à un chauffeur et le nôtre a été tout simplement fantastique! Nous avons tellement apprécié Aung Ba La que nous profitons de vivement recommander ses services à quiconque se rendrait dans la région (avis à Floraine et aux Geiger: on vous donne volontiers son numéro si ça vous intéresse)!
A la sortie de la ville au sud se trouve la Paya Mahamuni et nous y avons fait une petite halte. Le Bouddha assis en or de 4 mètres de haut est l'un des plus célèbres et vénérés du Myanmar. Durant des siècles, des milliers de pèlerins ont recouvert son corps d'une couche de feuilles d'or qui fait actuellement plus de 15 cm d'épaisseur, lui donnant un aspect boursouflé contrastant avec son visage lisse, poli avec dévotion par les moines tous les matins à 4h00. Bien entendu, les femmes doivent une fois de plus se contenter de s'agenouiller à distance ou de le contempler sur des écrans de télévision…
La Paya Mahamuni est un lieu de pèlerinage très fréquenté et régulièrement, des familles accompagnent leurs enfants en robes colorées pour les cérémonies rituelles précédant leur entrée dans un monastère. Nous avons eu la chance de pouvoir assister à l'une de ces scènes!
Notre chauffeur nous a ensuite amenés au monastère Kyaung Maha Ganayon, centre d'études monastiques pour des milliers de jeunes moines et réputé pour sa discipline très stricte. A l'heure du dîner, tous les pensionnaires font la file dans la rue pour obtenir leur nourriture quotidienne. Malheureusement, cette belle scène est devenue une attraction touristique et nous étions vraiment gênés de voir que nos semblables avaient pour la plupart un comportement complètement inapproprié et tournaient autour de ces pauvres moines dans le but d'obtenir le plus de clichés possibles. Aung Ba La nous assurait pourtant que cela ne les ennuyait pas.
Non loin de là se trouve un temple abritant un énorme Bouddha couché, ainsi qu'un sanctuaire contenant des centaines de statues dorées de Bouddha dans toutes ses représentations imaginables.
Nous nous sommes ensuite rendus de l'autre côté du fleuve Irrawady, vers la colline de Sagaing qui est recouverte d'innombrables stupas blanc et or. Sagaing fut la capitale du royaume birman vers 1315, juste après la chute de Bagan. L'ensemble forme un spectacle fascinant mal représenté par nos photos, en raison d'un ciel voilé dû à la chaleur caniculaire et l'absence de pluie depuis des mois!
Pour atteindre Umin Thouzeh, un temple en forme de croissant de lune orné de 45 effigies de Bouddha, il a fallu emprunter un long chemin d'accès. Le sol brûlant fut une vraie torture pour nos pieds nus (les chaussures étant interdites), mais nous avons quand même réussi à voir encore le chedi, accessible par des escaliers depuis le temple, en sautillant agilement pour atterrir sur les rares zones d'ombre.
Au sommet de la colline se trouve le sanctuaire principal de Sagaing. Son stupa central doré de 24 mètres de haut date de 1312 et la salle du grand Bouddha est la plus sacrée de la région. Cindy a toutefois été davantage séduite par les mosaïques multicolores qui ornent les sols et les murs du temple. Le panorama offert depuis le balcon était magnifique.
Au moment de partir, nous sommes tombés sur trois jeunes moines trop mignons pour ne pas les immortaliser.
De retour au bas de la colline, nous nous sommes encore vite arrêtés devant un stupa avec une forme arrondie inhabituelle. Malheureusement, l'entrée était fermée en raison d'une cérémonie importante qui devait avoir lieu la semaine suivante. Il faut savoir qu'au Myanmar "next week", prononcé "néchoui", est la réponse à pratiquement toutes les questions. En l'espace de quelques jours, nous nous sommes vus répondre "néchoui" dans un café en demandant s'il était possible de se connecter à internet, à la banque lorsque nous voulions changer des dollars en kyats ou encore devant les portes fermées d'un musée en demandant à quelle heure il devait ouvrir… Alors, on peut le visiter quand ce temple? "Néchoui!" Ok, on verra plus tard alors…
En début d'après-midi, notre chauffeur nous a lâchés au bord de l'Irrawady pour que nous nous rendions à l'ancienne cité royale d'Inwa en bateau de l'autre côté de la rive. Il n'y a en effet pas de pont pour s'y rendre avant plusieurs dizaines de kilomètres. Inwa fut la capitale du royaume birman durant plus de 400 ans à la suite de Sagaing. Aujourd'hui le site est retourné à la rusticité et la majorité des temples sont tombés en ruine au milieu des champs et plantations de riz. Nous avons commencé notre visite par un délicieux repas au bord de la rivière.
Comme les distances étaient assez importantes entre les sites d'intérêt et que la chaleur devenait infernale, nous avons eu recours à une calèche pour nos déplacements.
Notre cocher nous a d'abord amené au monastère de Maha Aungmye Bonzan. La partie originelle continue de se désagréger, tandis que la partie supérieure a été entièrement rénovée, gâchant ainsi un peu le charme de l'édifice. La fraîcheur à l'intérieur des murs d'une belle épaisseur était par contre bienvenue.
Les vestiges très photogéniques de la Paya Yedanasini comprennent quelques Bouddha assis et une poignée de vieux stupas en briques à l'ombre d'un immense arbre. A proximité, se trouve l'ancienne tour de garde qui s'est penchée à la suite d'un séisme. Il n'était pas possible de grimper dessus lors de notre visite pour des raisons de sécurité, mais normalement "néchoui" cela devait être à nouveau en ordre.
Notre dernière halte se fit au monastère en teck Kyaung Bagaya, le plus beau monument d'Inwa soutenu par 267 piliers. Selon nous, il ne valait de loin pas le temple que nous avions vu à Mandalay, mais nous y avons rencontré deux jeunes moines de très bonne humeur.
De retour sur l'autre rive en fin de journée, Aung Ba La nous a alors conduit vers notre dernière destination: l'ancienne cité royale d'Amarapura (c'est promis, c'est la dernière!). Elle succéda à Inwa en 1783 avant que les bâtiments du Palais Royal furent démontés et transférés 70 ans plus tard à Mandalay. Notre chauffeur nous a déposés à la Paya Kyauktawgyi avec un toit à cinq niveaux à l'allure tibétaine. Les chedis aux alentours étaient particulièrement colorés.
Aujourd'hui, Amarapura est essentiellement connu pour le pont U Bein qui est la passerelle en teck la plus longue du monde (1.2 km). Elle s'appuie sur 1060 piliers pour traverser le lac Taungthama. La lumière au soleil couchant était fabuleuse, mais nous avons dû partager ce spectacle avec un grand nombre de birmans et de touristes.
Ainsi s'achève donc notre séjour au Myanmar! Nous espérons avoir réussi à retransmettre un peu la magie qui se dégage de ce pays hors du commun par nos récits et nos photos. Cependant, l'ambiance si envoûtante de la Birmanie ne peut réellement se ressentir que sur place et nous ne pouvons que vous encourager à vous rendre dans ce pays extraordinaire!